Forte d’une impressionnante palette de savoir-faire, de l’ébénisterie à la compréhension sonore des instruments, Marion Lainé, lauréate du Concours Ateliers d’Art de France offre une seconde vie aux pianos anciens.
Marion Lainé est restauratrice de pianos. Un métier qui demande tout à la fois une grande technicité et une écoute de ses propres sens. Son quotidien se partage entre le travail d’atelier et les prestations d’optimisation haut de gamme de pianos de tous âges.
A travers la France, elle se rend au chevet de pianos endommagés par le poids des ans. Un lourd travail de réfection l’attend souvent (il peut atteindre le millier d’heures). Des soins minutieux à apporter à l’objet d’art comme à sa sonorité, au matériel comme à l’immatériel, ainsi qu’elle le résume. Ce travail doit lui permettre d’offrir une seconde vie à l’instrument, en respectant la matière pour s’approcher au plus près de ce qu’il fut à sa conception, dans un souci de pérennité et de réversibilité.
Cela fait une vingtaine d’années que l’artisane d’art travaille dans l’univers des instruments à cordes frappées. Les premiers pas ont eu lieu à l’atelier Pianos Magne, à Paris.
Nous sommes en 2000, Marion Lainé débute son apprentissage. Elle découvre les bases du métier, l’importance des gestes, l’attention de l’oreille.
C’est à Paris aussi qu’elle rencontre un professionnel qui sera pour elle un maître, Philippe Copin. Il l’ouvre à l’immensité et à la subtilité du travail du son, pour lequel elle se spécialise dans un premier temps. Elle rejoint ensuite la province où elle exerce sa profession en tant que salariée, avant de lancer son propre atelier en Savoie, Marion Pianos, en 2010.
Elle travaille en majeure partie sur des instruments modernes, préparant des pianos d’exception pour des enregistrements ou des concerts. Elle adapte quotidiennement sa pratique, en fonction des lieux de représentation, des répertoires. Un jour l’interprétation de morceaux de Rachmaninov dans une salle de six mille personnes, le lendemain un récital de Bach dans un lieu plus intime. « Je fais le lien entre le musicien et l’instrument, explique-t-elle. Je dois comprendre musicalement les besoins du pianiste pour y répondre techniquement. »
Au début des années 2010, une rencontre va permettre à Marion Lainé d’élargir le champ de ses compétences. Marion Lainé est Elève de Maître d’art et s’est formée de 2019 à 2022 auprès de Sylvie Fouanon, restauratrice de pianos anciens devenue Maître d’art grâce au projet de transmission présenté avec Marion Lainé. Le titre de Maître d’art a été créé par le ministère de la Culture afin de sauvegarder les savoir-faire rares détenus par des professionnels des métiers d’art, tant dans le champ de la création artistique que de la préservation du patrimoine. Marion Lainé accepte et complète dans le même temps sa formation de restauration de pianos anciens. Elle enrichit son savoir, se consacre à « l’importance du travail de la main, du bon geste », et se passionne pour cet art délicat. « L’écoute de ces instruments m’a beaucoup apporté, confie-t-elle. J’ai eu l’impression de voir des couleurs, là où je ne percevais, avec les instruments modernes, que du noir et du blanc. Mon approche s’est enrichie, mes tympans aussi. » Elle développe depuis son activité autour de la restauration de vénérables pianos.
Une activité qui implique toute une palette de savoir-faire : travail sur la structure (table d’harmonie, sommier des chevilles, chevalet de table, cordes, etc.), ébénisterie (placage, vernis…), mais aussi intervention sur la mécanique du clavier, l’ivoire, les feutres et, bien évidemment, sur le son de l’instrument. Des compétences multiples, « qui demandent de l’expérience et, ce faisant, une importante maîtrise des gestes ». Elles ont récemment été récompensées : Marion Lainé est lauréate du Concours national Ateliers d’Art de France.
A découvrir sur le Salon International du Patrimoine Culturel Du 27 au 30 octobre au Carrousel du Louvre