© Catherine Chabaudie
Rencontre avec Armand Rivière, maire de Pézenas
Armand Rivière, maire de de la ville de Pézenas nous a accordé un entretien exclusif à l’occasion de cette 27éme édition du salon. Il revient pour nous sur l’importance de la présence des collectivités territoriales au salon ainsi que l’attractivité des métiers d’art pour ces territoires. Rencontre.
Comment démontrer l’importance de la présence des territoires au Salon International du Patrimoine Culturel ?
Par le rôle qu’ils jouent dans la restauration, la préservation et la transmission du patrimoine matériel et immatériel. Notre culture, nos savoir-faire, notre patrimoine prennent historiquement racines dans les territoires, et leur présence au Salon International du Patrimoine Culturel est une évidence naturelle.
Souvent citée en exemple, en quoi la ville de Pézenas est un modèle de politique territoriale et d’attractivité autour des métiers d’art ?
Je crois qu’elle est l’expression d’un volontarisme de majorité municipale en majorité municipale… quelles que soient les alternances ! Cette volonté, c’est d’avoir eu un secteur sauvegardé dès 1965 et de lier rapidement patrimoine, culture et métiers d’art. C’est d’avoir acquis, et de continuer à acquérir des échoppes en centre historique pour installer les artisans avec des loyers modérés leur permettant d’y rester toute l’année et de contribuer à l’attractivité de la ville en toutes saisons. C’est d’avoir ouvert une Maison des Métiers d’art en 1994, d’y avoir tissé un partenariat avec Ateliers d’art de France en 2012. C’est d’inscrire Pézenas au cœur de réseaux pour parler de notre « savoir-faire » et exporter nos talents jusque dans la coopération internationale. C’est de partager intelligemment cette compétence avec la Communauté d’agglomération Hérault Méditerranée et d’en faire un atout non seulement pour l’attractivité de la ville mais pour l’ensemble du territoire.
Un campus des métiers d’art fait partie des projets en cours sur votre territoire. Pourriez-vous nous parler de ce campus ?
Notre sentiment, c’est qu’il faut envisager les métiers d’art comme une filière à part entière et que, dans cette filière, il nous manque aujourd’hui un volet formation. C’est d’ailleurs le projet d’origine, en 1994, de la Maison des Métiers d’art. Alors nous travaillons à cela, ouvrir des formations diplômantes ou qualifiantes où, notamment, nos artisans d’art pourraient intervenir. Au-delà de ces formations « classiques », nous souhaiterions développer une offre de séjours de découverte ou d’initiation, des Master Class … Cela est encore en construction et le champ des possibles est large.
Quels sont les enjeux actuels pour les collectivités territoriales ?
De résister aux mesures comptables et administratives. Il ne faut pas s’arrêter aux questions des compétences, elles peuvent, dans ce domaine de l’attractivité et des métiers d’art, être partagées. Il ne faut pas entrer dans une forme de concurrence entre les collectivités mais, au contraire, pousser dans le même sens. Il ne faut pas, non plus, se poser la question uniquement en termes de dépenses et de recettes. Si je regarde Pézenas, l’attractivité touristique, la faible vacance commerciale, la forte fréquentation… ne sont pas des recettes directes dans notre budget communal mais ô combien cela fait du bien à la ville ! Pour autant, nous savons que les temps qui s’annoncent vont être durs mais il faudra maintenir le cap. Peut-être serons-nous entendus nationalement pour que la capacité à agir et à investir des collectivités locales soit maintenue et soutenue ?
De la découverte d’une grande diversité de métiers, de sites, de monuments et de techniques qui font la richesse du patrimoine bâti et immatériel, le Salon invite aussi à s’interroger sur les enjeux actuels et futurs d’un secteur aux retombées culturelles, touristiques et économiques majeures, quelle politique régionale de soutien et promotion des métiers d’art mettre en place ?
Je crois que nous avons une chance, en Occitanie, c’est d’avoir une Présidente, Carole Delga, qui a une sensibilité pour l’artisanat en général et pour l’artisanat d’art en particulier. L’action régionale en la matière fait référence pour d’autres Régions. Elle illustre de façon concrète ses impératifs de proximité, de qualité et d’authenticité au service de l’attractivité et du territoire. Il y a aujourd’hui des mesures concrètes, comme le Pass Métiers d’Art ou dans le domaine de la formation et il y a certainement des sillons à continuer à creuser comme le lien avec l’attractivité culturelle, la promotion, notamment au travers de l’offre touristique, de nos territoires et de leurs talents.
Quel message souhaitez-vous adresser aux visiteurs du salon et aux professionnels du secteur pour cette nouvelle édition ?
De miser sur les territoires, leur authenticité et les talents qui les font vivre !